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Marthe Gautier : la découvreuse du chromosome à l’origine de la trisomie 21


Marthe Gautier naît le 10 septembre 1925 à Montenils en Île-de-France.

Passionnée par les sciences, elle poursuit en 1942 des études de médecine afin de devenir pédiatre sous l’aile de sa sœur. Le décès de cette dernière l’affectera beaucoup, mais cela ne l’empêchera pas de réussir le concours de l’internat des Hôpitaux de Paris et de soutenir une thèse en cardiologie pédiatrique en 1995.

Pendant ses études elle passera un an à Harvard afin d’approfondir ses connaissances en pédiatrie : elle fera partie du premier groupe d’étudiants des Hôpitaux de Paris à avoir obtenu une bourse pour les Etats-Unis.

De retour à Paris, elle intègre l’équipe du professeur Raymond Turpin. Ce dernier étudie avec Jérôme Lejeune la maladie du « mongolisme ».

A cette époque, il n’y avait pas encore de laboratoire de culture cellulaire in vitro en France. Suite à la découverte du nombre de chromosomes chez l’espèce humaine en 1956, l’équipe de recherche décide de compter le nombre de chromosomes chez les patients trisomiques. Marthe Gautier se propose et ouvre le premier laboratoire de culture cellulaire in vitro en France !


Crédits photo : NATIONAL HUMAN GENOME RESEARCH INSTITUTE

En 1958, lors de son travail elle découvre que ces patients malades ont un chromosome de plus comparé aux patients sains (47 vs 46 chromosomes). Pour visualiser cette différence, elle utilise un microscope mais leur équipe ne possède pas d’appareil afin de capturer des images. Elle confie alors ses lames contenant les cellules à son collègue, Jérôme Lejeune. Ce dernier ira dans un autre laboratoire afin d’obtenir les clichés révélateurs de la trisomie 21. Jérôme annoncera à la communauté scientifique la même année cette découverte lors d’un congrès au Canada. Le laboratoire décide alors de publier les résultats dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences avec pour ordre d’auteurs : Jérôme Lejeune, Marie Gauthier (mal orthographié !) et Raymond Turpin. Tout le mérite sera attribué à Jérôme Lejeune. Marthe Gautier s’exprimera :

« Je suis blessée et soupçonne des manipulations, j’ai le sentiment d’être la « découvreuse oubliée » »

Marthe se sent trahie et décide de quitter le domaine de la trisomie 21 pour se pencher sur les enfants atteints de cardiopathie. Elle ouvrira et dirigera l’unité de recherche INSERM 56 « Hépatologie infantile », à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre en 1966. Elle sera successivement Maîtresse de recherche, directrice de recherche et membre de la commission scientifique spécialisée de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale).

C’est seulement en 2009 que Marthe Gautier décide de faire entendre sa voix et confie son désarroi. Crédits photo : Rodolphe Escher

Mais son combat ne s’arrête pas là. En janvier 2014, Marthe Gautier doit prononcer une conférence sur la « Découverte de la trisomie 21 » à Bordeaux afin de recevoir un prix pour ses travaux. La famille de Jérôme Lejeune (ainsi que la fondation organisatrice) dispose à l’avance de sa conférence et annule sa prise de paroles. Son prix lui sera donné dans une cérémonie séparée et sans son intervention.


Septembre 2014, Marthe se voit grader Officière de la Légion d’honneur (la plus haute décoration honorifique française). Même si ce prix semble être mérité, Marthe l’a refusé plusieurs fois et l’a finalement accepté selon ses termes, « par indignation à l’égard de l’impudence de la Fondation Lejeune ».

Photo: Marthe Gautier dans son laboratoire de Bicêtre en 1970. Coll. Marthe Gautier

Elle décédera le samedi 30 avril à l’âge de 96 ans.

Mais Marthe Gautier n’est pas la seule femme à avoir vécu cette situation révoltante. Nombreuses femmes scientifiques ont été victimes de l’effet Matilda : il s’agit de la minimisation de la contribution des femmes dans la recherche, dont le mérite est attribué à leurs collègues masculins.

Quelques exemples

  1. Ada Lovelace et le premier programme informatique (n’hésitez pas à découvrir ou redécouvrir notre article sur Ada ici !)

  2. Hedy Lamarr : Hedy créa un système secret de communication pendant la Seconde Guerre mondiale donnant naissance au GPS et au Wi-Fi

  3. Alice Ball : Alice est une chimiste qui a isolé la molécule essentielle au traitement contre la lèpre; grâce à son travail cette molécule fut plus facilement injectable dans le corps humain

  4. Grace Hopper : Grace travailla sur le premier compilateur (programme) permettant de passer du code source ou code objet de tous les logiciels que nous utilisons aujourd’hui

  5. Rosalind Franklin : Rosalind se fera voler sa découverte sur la structure en double hélice de l’ADN lors d’une conférence; ses résultats furent photographier et utilisé à son insu

Et bien d’autres encore…

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