De la Terre aux Laboratoires : Les Femmes dans l’Agronomie
- intansetyawati17
- il y a 3 jours
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Quand on pense à l’agriculture, on imagine souvent les champs, les tracteurs ou les marchés locaux. Mais derrière chaque graine semée, il y a souvent un travail scientifique de l’ombre : celui des agronomes. À la croisée de plusieurs disciplines, entre sciences dures, humaines et sociales, l’agronomie cherche à mieux comprendre la terre, les plantes, et ceux qui les cultivent. Aujourd’hui, cette discipline se transforme et se féminise. Qui sont ces femmes qui font évoluer notre rapport au vivant ? C’est ce que nous allons découvrir.
Qu'est-ce que l'agronomie ?
L’agronomie désigne “l’ensemble des sciences exactes, naturelles, économiques et sociales, et des techniques auxquelles il est fait appel dans la pratique et la compréhension de l'agriculture” - la définition excluant généralement les sciences vétérinaires. Si parfois dans l’usage courant, l’agronomie et l’agriculture sont utilisées comme des termes indifférenciés, il convient de rappeler que l’agriculture par définition désigne spécifiquement l’activité agricole. Ces deux pratiques se nourrissent mutuellement : les agronomes se doivent d’être à l’écoute des pratiques et besoins des agriculteurs.
Une discipline jeune, ou ancienne ?
Deux conceptions vis-à-vis de l’apparition de l’agronomie se concurrencent. Celle de l’historien Jean Boulaine, qui estime que l’agronomie comme « corpus de connaissances relatives à la mise en valeur, à l’exploitation et à la conservation du monde rural, et systèmes de techniques qui permettent de les mettre en valeur » naît en même temps que l’agriculture, et celle de Gilles Denis, qui date son apparition en Europe au XVIIIe siècle, au moment du développement de la méthode scientifique ainsi que d’une idéologie de l’utilité qui cherche à comprendre et à maitriser la nature. Sa rupture conceptuelle avec l’agriculture est quant à elle consacrée durant la seconde moitié du XXe siècle.
Des savoirs au service de la terre et du vivant
L’agronomie se caractérise par une grande diversité de pratiques professionnelles. Ainsi, deux agronomes peuvent avoir des approches très différentes selon leur domaine de spécialisation et leur environnement de travail : laboratoires publics, centres de recherche privés, grandes entreprises ou PME du secteur agroalimentaire. Pour illustrer concrètement ce que recouvre la discipline, on peut donner l’exemple de l’amélioration des cultures par la sélection de variétés plus résistantes, en mobilisant la génétique, la biologie végétale et les données climatiques. On peut inclure également l’étude des pratiques agricoles d’une région dans l’objectif de proposer des politiques agricoles adaptées, en croisant les apports des sciences sociales, l’économie rurale, et la sociologie du travail. Elle englobe aussi entre autres l’analyse des sols, la gestion de l’eau, la lutte contre les ravageurs… Les agronomes jouent un rôle majeur dans la résolution des différentes crises agricoles (vache folle, grippe aviaire…). Leur objectif commun reste l’amélioration des pratiques agricoles pour produire mieux, en respectant l’environnement, les ressources naturelles et les agriculteurs.
Et les femmes dans l’agronomie ?
La profession se féminise de plus en plus, elle comptabilise actuellement un tiers de femmes parmi les ingénieurs agronomes, et plus de la moitié des diplômés sont des femmes.
De nombreuses femmes ont déjà marqué l’histoire de la profession. Hélène Alarie par exemple, est la première femme agronome du Québec, et la seule femme de sa promotion, sur 200 étudiants, pendant ses études. Elle a été remarquée durant sa carrière d’agronome. Elle se lance ensuite en politique, ce qui la fait connaître du grand public, notamment en tant que porte-parole en Agriculture et Agroalimentaire au bloc québécois. Elle a notamment participé à porter un projet de loi exigeant l’étiquetage obligatoires des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés).
En France, Suzanne Mériaux incarne également une figure pionnière, commençant sa carrière à une époque où très peu de femmes travaillaient dans le milieu – elles avaient encore besoin de l’autorisation de leur mari pour travailler tout court. Née en 1924 et se destinant à la médecine, elle est poussée par la guerre à devenir institutrice. A son issue, elle reprend des études de sciences naturelles. Touche à tout, elle cherche à élargir ses compétences tout au long de sa carrière et s’intéresse à la physique des sols, à la pédologie, à la structure des argiles, à l’eau, et au stress hydrique des plantes. Elle publie 150 publications au cours de sa carrière. Elle rentre à l’Académie d’agriculture en 1989, et devient la première femme présidente de cette même académie en 1997.
Quels enjeux pour l’agronomie de demain ?

L’agronomie, discipline riche et en perpétuelle évolution, est un maillon essentiel de la transition agricole et écologique. Si elle a longtemps été dominée par des figures masculines, elle s’ouvre aujourd’hui à une nouvelle génération de scientifiques, de plus en plus féminine. Les parcours d’Hélène Alarie ou de Suzanne Mériaux rappellent l’importance de rendre visibles ces femmes qui, hier comme aujourd’hui, participent activement à repenser notre rapport à la terre et à la production alimentaire. L’avenir de l’agronomie ne peut être envisagé sans elles.
Écrit par Nastia et édité par Intan
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