Louise Leroux, chercheuse en télédétection au Cirad
- intansetyawati17
- 7 mai
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours
Vous souhaitez en savoir plus sur Louise Leroux ? On vous présente son parcours, ses travaux, sa photo lauréate du concours de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), mais aussi le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) qui l’emploie. Originaire de Normandie, elle s’est construit un CV atypique guidée par ses goûts et ses envies. De ses débuts plutôt littéraires, Louise s’est dirigée petit à petit vers les sciences. Elle est aujourd’hui chercheuse affectée au Kenya. Portrait d’une jeune femme passionnée.

Louise Leroux : des chevaux à la géographie physique
Louise a toujours vécu à la campagne, dans l’Orne en Normandie. Passionnée par les chevaux, elle se destinait à une carrière de vétérinaire équin. Il en sera tout autre. Partagée entre les sciences et les lettres qu’elle apprécie tout autant, elle choisit d’intégrer une prépa littéraire son baccalauréat scientifique en poche. Dans le cadre de ce cursus, elle se passionne pour la géographie physique, l’épistémologie de la géographie et la cartographie. Elle intègre donc ensuite une double licence en histoire et géographie physique qui lui permet de trouver un équilibre entre son appétence littéraire et son intérêt pour les sciences physiques et les sciences de la vie et de la terre. Elle terminera ses études par un master recherche en géographie physique avec une spécialité en télédétection (notamment par satellite).
Chercheuse en télédétection appliquée à l’agriculture en Afrique
Avant d’entamer son parcours professionnel, elle postule auprès du Cirad pour y réaliser une thèse dont la thématique sera « suivi et caractérisation des dynamiques de la production agricole en Afrique de l'ouest par télédétection à moyenne résolution spatiale ». Cette étape confirme chez elle son souhait de poursuivre dans la recherche et en particulier en Afrique.
Au sortir de cette thèse, elle est embauchée par le Cirad qui l’affecte au Centre de Suivi Écologique de Dakar au Sénégal entre 2017 et 2022. Et depuis 2022, elle est rattachée à l’IITA (International Institute of Tropical Agriculture) basé au Kenya. Son travail consiste en l’évaluation des performances agronomiques, environnementales et socio-économiques de l’agriculture familiale africaine, en réponse aux changements globaux. Les images satellites ou drone ainsi que les nouvelles méthodes d’analyses issues de l’intelligence artificielle sont au cœur de ses recherches.

Démarrage d’un nouveau projet autour de l’agroforesterie

Un projet important a pris place depuis le début de l’année 2025 dans les travaux de Louise. Nommé GALILEO, il est financé par le programme Horizon Europe de l’Union européenne et la Confédération suisse. Impliquant plusieurs pays - Sénégal, Ghana, Cameroun, Kenya – il va courir jusqu’en 2028. Son sujet : « Renforcer les moyens de subsistance ruraux et la résilience au changement climatique en Afrique : une agroforesterie innovante intégrant les populations, les arbres, les cultures et le bétail ».
L’objectif de ce projet européen est de promouvoir l'agroforesterie comme moyen :
d’amélioration des performances agricoles et socio-économiques des systèmes agroforestiers pour les ménages ruraux ;
d'adaptation et d'atténuation au changement climatique ;
et de renforcement de la biodiversité en Afrique subsaharienne.
Les travaux permettront de co-construire avec les parties prenantes des solutions possibles et de les tester. La télédétection jouera un rôle majeur afin de caractériser les paysages agricoles (occupation du sol et localisation des arbres). Elle permettra également de mesurer les performances spatialisées des systèmes agroforestiers, notamment en ce qui concerne la fourniture d’une diversité de services écosystémiques.

Louise Leroux : lauréate du prix photo de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD)

À l’occasion de l’année internationale du mil (céréale très cultivée et consommée dans les pays du sud) organisée par la Food and Agriculture Organisation of the United Nations (FAO), Louise Leroux s'est vue décerner le Grand prix du Jury du concours photographique lancé par l'IRD. Lors d’une sortie terrain avec un étudiant, Louise l’a photographié alors qu’il était en train de réaliser des mesures de surface foliaire dans des champs de mil. La chercheuse et son étudiant se situaient chez des agriculteurs dans la région de Niakhar, dans le bassin arachidier sénégalais. Les mesures devant être réalisées au lever du jour, cet étudiant n’avait pas eu le temps de retirer son chapelet suivant la prière du matin (note : 96% de la population au Sénégal est musulmane). Cette prise de vue s’intitule « science et croyance ». En plus de ses recherches, Louise pratique aussi la photographie qu’elle utilise pour illustrer et documenter ses recherches.
Encouragement de la chercheuse à intégrer sa filière de prédilection
Louise est une chercheuse passionnée qui encourage les jeunes à s’orienter vers ce qui les motive et leur plaît. Elle indique aussi que « rien n’est linéaire et qu’il y a toujours moyen de rebondir, qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer ».
En ce qui concerne le métier de chercheur dans les sciences agronomiques, elle précise qu’une école d‘ingénieur est loin d’être la seule porte d’entrée. En effet, l’adaptation est une qualité convoitée dans le milieu de la recherche. La deuxième serait la curiosité et la capacité à s’intéresser à d’autres disciplines qui ne relèvent pas de sa propre spécialité. Par exemple, Louise s’intéresse aussi beaucoup aux travaux en médecine et informatique qui peuvent apporter des angles différents dans ses questions de recherche.
Un mot sur le Cirad

En collaboration avec ses partenaires, le Cirad co-construit des connaissances et des solutions pour des agricultures résilientes dans un monde plus durable et solidaire. Il mobilise la science, l’innovation et la formation afin d’atteindre les objectifs de développement durable. Il met son expertise au service de tous - des producteurs aux politiques publiques – afin de favoriser la protection de la biodiversité, les transitions agroécologiques, la durabilité des systèmes alimentaires durables, la santé (des plantes, des animaux et des écosystèmes), le développement durable des territoires ruraux et leur résilience face au changement climatique.
Créé en 1984 sous le statut d’Établissement public à caractère industriel et commercial (Épic), il est placé sous la double tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation et du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Présent sur tous les continents dans une cinquantaine de pays, le Cirad s’appuie sur les compétences de ses 1 750 salariés, dont 1 200 scientifiques.
Le Cirad accueille régulièrement des stagiaires collégiens et lycéens au sein du siège montpelliérain. Par exemple, le centre est partenaire de l’opération DigiFilles qui propose des stages d’observation aux collégiennes des classes de 3ème de Montpellier et ses alentours. L’objectif est de promouvoir les métiers du numérique, ici dans les secteurs appliqués de l’agriculture et de l’environnement.
Écrit par Anne Burel, rédactrice web et édité par Intan
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Crédit photos : Louise Leroux
Sources : https://www.cirad.fr/
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