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Comment le système immunitaire est-il impliqué dans le développement de l'arthrose ?

Pour commencer, l’arthrose est une maladie inflammatoire qui altère les articulations et entraîne la destruction progressive du cartilage. C’est une maladie multifactorielle, ce qui signifie que divers facteurs de risques peuvent en être à l'origine comme la prévalence génétique (fréquence d'apparition d'une maladie ou d'un trait génétique spécifique, ndlr), l’âge avancé ou des désordres métaboliques comme le diabète ou l’obésité. D’autres maladies de l’articulation ou osseuses peuvent augmenter le risque de développement de l’arthrose chez le patient. 


D’après l’INSERM, elle touche plus de 10 millions de Français dont 65 % des plus âgés (données de 2022). Les traitements sont symptomatiques, ils ne visent qu’à (1) soulager la douleur et (2) ralentir la progression de la maladie. Dans le premier cas, ce sont généralement des antalgiques qui sont prescrits (comme le paracétamol) ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sous forme de pommade. Par ailleurs, des traitements symptomatiques à action plus lente existent comme les compléments alimentaires de curcumine souvent prescrits par les rhumatologues, notamment dans le cas d’une arthrose des mains. Dans le second cas, ce sont des recommandations thérapeutiques qui sont essentiellement prescrites aux patients comme une perte de poids, la pratique d’une activité physique régulière d’intensité dite “modérée” ou encore le port de semelles orthopédiques (cas d’une arthrose du genou)


Pour comprendre cette maladie en bref et en images :

Il faut savoir que toutes les articulations peuvent être concernées mais souvent, ce sont les mains, le genou ou le rachis (colonne vertébrale, ndlr) qui sont surtout concernées (35 à 50 % des cas).

Chacune de nos articulations est composée de trois tissus, ci-dessous, ils sont représentés sur le schéma simplifié d’une articulation saine:

À propos des légendes :

- le cartilage articulaire : tissu qui recouvre les surfaces osseuses et facilite leur glissement les unes sur les autres lors du déplacement de l’os 

- membrane synoviale : tissu en charge de produire le liquide synovial qui lubrifie le cartilage

- os sous-chondral : couche d’os entre le cartilage et l‘os 


Dans le cas d’une arthrose, des débris du cartilage s’accumulent dans une cavité de l’articulation provoquant une inflammation locale de la membrane. Des médiateurs chimiques inflammatoires (molécule du système immunitaire ndlr) sont alors libérés dans le liquide synovial constituant la cavité. En réponse, des grandes quantités  d'enzymes [2] sont produites par le cartilage articulaire entraînant la dégradation de ce dernier: c'est un cercle vicieux. Vous pouvez l’observer sur le schéma d’une articulation arthrosique débutante.


À l’échelle macroscopique, cela se traduit par deux états qui se succèdent chez les patients. Le premier état est un ensemble de phases chroniques où la douleur est peu intense mais quotidienne. Le second consiste en des crises douloureuses avec une douleur intense et imprévisible comme la nuit par exemple. On note que la vitesse de progression de la maladie est très variable d’un patient à l’autre.


Donc contrairement aux idées reçues, l’arthrose n’est pas une maladie auto-immune ! Pour rappel, une maladie auto-immune est un trouble du système immunitaire dans lequel les cellules du soi (de notre corps donc) attaquent ses propres tissus, provoquant inflammation et dommages à divers organes. Or dans le cas de l’arthrose, les cellules du SIA, appelées les lymphocytes, n’agissent pas comme anticorps des cellules du “soi”. 


Néanmoins, de récentes recherches ont réussi à établir une corrélation entre l’immunité du patient et le phénotype de l’arthrose. D’ailleurs, on vient de le montrer d’une certaine manière en évoquant la libération de médiateurs chimiques lors de la réaction inflammatoire. Cela correspond en effet à la réponse immédiate et stéréotypée du système immunitaire inné [1]; càd que notre corps détecte une menace comme un virus ou une bactérie, il réagit rapidement de manière standardisée, sans avoir besoin de connaître au préalable le type de menace, ndlr. Le système inné,  contrairement au système immunitaire adaptatif (SIA), traite les réactions par l’intermédiaire de cellules comme les macrophages et les neutrophiles qui libèrent chacune un type de médiateurs chimiques dans le tissu synovial. Ces derniers sont à l’origine de l’inflammation. Pour rappel, une réaction inflammatoire est caractérisée par quatre symptômes : (1) la douleur, (2) la rougeur, (3) la chaleur et (4) le gonflement. Dans le cas de l’arthrose, c’est la douleur des articulations qui prédomine comme symptôme.


Ce qui est plutôt novateur dans la recherche scientifique concernant l’arthrose, c’est le lien entre des cellules de l’immunité adaptative comme les lymphocytes T et le déclenchement de la réaction inflammatoire. 

Il existe plus précisément des types de lymphocytes T [3] impliqués dans la réponse immunitaire comme les Th17. En effet, en favorisant l’activation et la différenciation des macrophages, ils favorisent le déclenchement de la réaction inflammatoire et par conséquent les lésions articulaires. D’autre part, d’autres types de LT, comme les Treg, peuvent inhiber ces actions, inhibant ainsi les lésions articulaires. Il y a donc une interaction complexe entre les LT-Th17 et les LT-Treg, ensemble ces cellules régulent les réactions inflammatoires. Ainsi, il semble qu’un déséquilibre de cette interaction ait un rôle essentiel dans la physiopathologie de l’arthrose. Pour en savoir plus sur la pathogenèse de l’arthrose et notamment le dysfonctionnement des réactions inflammatoires: 


Notes


[1] L’immunité innée est la première barrière immunitaire de l’organisme. Son déclenchement est immédiat après la pénétration d’un agent pathogène. La réponse immunitaire innée (ou réaction inflammatoire) est dite immédiate et stéréotypée. Elle est indispensable à l’activation de la réponse immune adaptative qui est spécifique de l’agent infectieux. en savoir plus


[2] Enzyme: protéine qui accélère (catalyse) les réaction biochimiques en savoir plus


[3] Chaque lymphocyte T se différencie en un autre type de lymphocyte T.


Sources





“L’arthrose”, CHU de Toulouse, 2012


Écrit par Basma AE







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